Texts on Episodes de la Vie d’un Artiste

Texts on Episodes de la Vie d’un Artiste (1992/93)

PREMIÈRE PARTIE

Choir
Aujourd’hui mercredi
                               RO
                               AND JUL
                                          tragédie de Shake
précédée de WAVER          verture
                            par M. Hec              lioz
Le rôle de Juliette sera      ithson.
                              pour la dernière
                              son départ
Le spectacle sera terminé
                                               La Fiancée

(what was left of a poster, recorded by Berlioz in a letter to Albert du Boys, 1829)

Berlioz
Je touche ici au plus grand drame de ma vie. Je n’en reconterai point toutes les douloureuses péripéties. Je me bornerai à dire ceci: un théâtre anglais vint donner à Paris des représentations des drames de Shakespeare alors complètement inconnus au public français. J’assistai à la première représentation d’Hamlet à l’Odéon. Je vis dans le rôle d’Ophelia Henriette Smithson qui, cinq ans après, est devenue ma femme. L’effet de son prodigieux talent, ou plutôt de son génie dramatique, sur mon imagination et sur mon coeur, n’est comparable qu’au bouleversement que me fit subir le poète dont elle était la digne interprète. Je ne puis rien dire de plus.
( from Mémoires, chapter 18, by Berlioz)

Henriëtte
I already told you when Monsieur Berlioz first approached me months ago, that I had him informed I was totally unable to share his sentiments.
Choir
So it is completely impossible?
Henriëtte
Oh, sir, nothing is more impossible.
Choir
Oh! Tell me not of sorrow’s seal,
It CHILLS, but cannot quench the soul;
Say not life’s cup no sweets reveal,
There’s still some brightness in the bowl.
Can all be dark that life supplies?
Whilst earth can boast of SMITHSON’S eyes.
Henriëtte
Beware the gentleman with the eyes that bode no good!

Berlioz
Enfin, dans l’été de 1833, Henriette Smithson étant ruinée et à peine guérie, je l’épousai, malgré la violente opposition de sa famille.
Le jour de notre marriage, elle n’avait plus au monde que des dettes, et la crainte de ne reparaître avantageusement sur la scène à cause des suites de son accident; de mon côté j’avais pour tout bien trois cent francs que mon ami Gounet m’avait prêtés, et j’étais de nouveau brouillé avec mes parents.
( from Mémoires, chapter 44, by Berlioz)

Henriëtte
Voici la vérité sur notre situation – nous sommes à court d’argent. Depuis mon marriage, je n’ai pas gagné la moindre somme et mon mari n’est pas tenu de payer les dettes que j’avais contractées auparavant. Toutefois, afin de faire son possible et aussi afin que personne ne soit lésé par ma faute, il a bien voulu mettre son nom à un billet à douze mois pour la somme que je dois à Monsieur Lawson. Le nom de BERLIOZ  est un garantie – vous pouvez prendre des renseignements.
( from a letter by Henriette Smithson to Monsieur Bloqué – 1836)

Choir
Miss Smithson was married to Derlioz (sic!), a musical composer, last week, in Paris.
We trust this marriage will insure the happiness of an aimable young woman, as wel as secure us against her reappearance on the English boards.
(from Court Journal – London 1833)
Berlioz
Mais elle était à moi, je défiais tout.
(from Mémoires, chapter 18, by Berlioz)

DEUXIÈME PARTIE

Biographer
The years between Berlioz’s marriage in 1833 and the end of the decade constitute the brief period of familial happiness that was to be his. Both Berlioz and Harriet enjoyed their child, and despite the failure of her career, Harriet was for a time a constructive member of the household. For both of them family life and domestic management were uncharted territories, and they had to feel their way through the ordinary concerns of daily life: childrearing, servants, firewood, and furniture – even the grave matter of how to stock a wine cellar.
Louis’s behaviour, which was problematic from the first, was affected by the tensions of his bicultural parentage and the language barriers at home – Neither of the parents seems to have had an inkling of how to deal with it.
( from Berlioz by D. Kern Holoman)

Miss Smithson était trop agée pour Berlioz quand il avait épousée; le chagrin précipita pour elle les ravages du temps, elle vieillit jour à jour au lieu de vieillir année à année, et malheureusement plus elle vieillisait de visage, plus elle rajeunissait de coeur, plus son amour s’accroissait, devenait une torture pour elle et pour lui.
Si bien qu’une nuit leur jeune enfant, qui couchait dans leur chambre, fut éveillé par de si terribles éclats d’índignation et d’emportement de la part de sa mère qu’il se jeta à bas de son lit et courant à elle:
Louis Berlioz (boys’ choir)
‘Maman, maman, ne fais pas comme Madame Lafarge!’
( from Soixante Ans de Souvenirs by Ernest Legouvé – 1886)

Biographer
By the end of 1840 Berlioz must have begun to sense the decline in Harriet’s physical and mental health. It is difficult to know quite what to make of her, even with – or perhaps because of – all we know about her. The alcoholism to which she would fall victim in the 1840s cannot explain the many eccentricities of her behaviour in the 1830s. Why did she never learn French? Why are her surviving letters so breathless and scatterbrained? Why did she flatly refuse to travel – to England, Germany, or even la Côte–St.–André? Why did she, once a lovely woman with an enviable career, grow so large so quickly? Harriet, I suspect, was neither greatly intelligent nor, outside the theatre, especially imaginative.
(from Berlioz by D. Kern Holoman)
Henriëtte
Mon cher, bien cher Enfant.
J’ai été si triste après ton départ pour Rouen que j’e tombé très malade et je suis encore souffrant. Hélas! mon cher fils je suis sur je ne puis pas supporter ma profond chagrin sans l’espérence de ton avenir – Ton père n’est pas venu me voir dépuis ton départ , il ne me écrit pas non plus – Dit moi tout ce qu’il ta communiqué à votre départ – tout, LA VERITE, aussi tout de tes nouvells et croire moi ta pauvre mère affectionée.
Ecrit moi après tu as reçu une lettre de ton père, il faut écrire à lui tout suit. Il va partir bien tot. Pressé.
Oh! Person ne peut t’aimé comme ta pauvre mère.
Dieu te benis.
(from a letter by Henriette Smithson to Louis Berlioz, October 22-1846)
Louis Berlioz (boys’ choir)
J’ai toujours vécu loin d’elle; tout enfant je suis parti pour Rouen; je ne l’ai vue qu’à de longs intervalles, et pendant le peu de temps que j’ai passé près d’elle, il m’a fallu cacher mon coeur navré sous un visage riant. Le coeur me manquait parfois, alors je la quittais brusquement; aussi aux yeux de plusieurs personnes étais-je un mauvais fils; pauvres idiots! vous ne connaissiez pas mes souffrances.
(from a letter by Louis Berlioz to his aunt Adèle Suat)

Orchestral interlude

Biographer
Harriet died on Friday, 3 March 1854, in Montmartre, attended only by her nurses. She had being suffering from progressive paralysis, breathing irregularities, and skin disease. Over the five years since her first stroke, in October 1848, she had never fully regained her mobility or her power of speech.
Berlioz slowly mounted the steps of Montmartre to view the body and collect his racing thoughts. At her bedside was a portrait of Harriet in her prime, a gift of the fond husband to the doting wife. He kissed the still corpse and bid Harriet the last adieu.
(from Berlioz by D. Kern Holoman)
Louis Berlioz (boys’ choir)
Enfin, tout est fini, il ne me reste plus que mon père, pauvre et bon père! Je ne puis l’aimer plus qu’avant, je l’aime comme lui m’aime. Enfin, tout est fini.
(from a letter by Louis Berlioz to his aunt Adèle Suat)
Choir
Elle t’a inspiré, tu l’as aimée, tu l’as chantée, sa tâche était accomplie.
(from a letter by Franz Liszt to Berlioz)

TROISIÈME PARTIE

Berlioz
Je fus averti officiellement que le petit cimetière de Montmartre, où reposait ma première femme, Henriëtte Smithson, allait être détruit, et que j’eusse en conséquence à faire transporter ailleurs les restes qui m’étaient chers. Je donnai les ordres nécessaires dans les deux cimetières, et un matin, par un temps sombre, je m’acheminai seul vers le funèbre lieu.
Un officier municipal chargé d’assister à l’exhumation m’y attendait. Un ouvrier fossoyeur avait déjà ouvert la fosse. A mon arrivée il sauta dedans. La bière enfouie depuis dix ans était encore entière, le couvercle seul était endommagé par l’humidité. Alors l’ouvrier, au lieu de la tirer hors de terre, arracha les planches pourries qui se déchirèrent avec un bruit hideux en laisant voir contenu du coffre.
Le fossoyeur se baissa, prit entre ses deux mains la tête déjà détachée du tronc, la tête sans couronne et sans cheveux, hélas! Et décharnée, de la poor Ophelia et la déposa dans un bière neuve préparée ad hoc sur le bord de la fosse. Puis, se baissant une seconde fois, il soulèva à grand-peine et pris entre ses bras le tronc sans tête et les membres, formant une masse noirâtre sur laquelle le linceul restait appliqué, et ressemblant à un bloc de poix enfermé dans un sac humide… avec un son mat… et une odeur…. L’officier municipal, à quelques pas de là, considérait ce lugubre tableau… Voyant que je m’appuyais sur le tronc d’un cyprès, il s’écria:
Civil servant
‘Ne restez pas là, monsieur Berlioz; venez ici, venez ici’.
Berlioz
Et comme si le grotesque devait avoir aussi sa part dans cette horrible scène, il ajouta en se trompant d’un mot:
Civil servant:
‘Ah! pauvre inhumanité!’…
Berlioz
Quelques moments après, suivant le char qui emportait les tristes restes, nous descendîmes la montagne et parvînmes dan le grands cimetière de Montmartre, au caveau neuf. Les restes d’Henriette y furent introduits.
( from Mémoires by Berlioz)

Choir
To-morrow, and to-morrow, and to-morrow
Creeps in this petty pace from day to day
To the last syllable of recorded time;
And all our yesterdays have lighted fools
The way to dusty death. Out, out, brief candle!
Life’s but a walking shadow, a poor player,
That struts and frets his hour upon the stage
And then is heard no more.
Berlioz
Au diable tout!
Choir
It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing.
(from Macbeth by William Shakespeare – V, 5, 19-28)
Berlioz
Au diable tout!
(from Mémoires by Berlioz)

Berlioz
Je suis dans ma soixante et unième année; je n’ai plus ni espoirs, ni illusions, ni vastes pensées; mon fils est presque toujours loins de moi; je suis seul…..
Louis Berlioz (boys’ choir)
Je ne parle pas du jour où il devra quitter la terre, car, je le sens depuis que je suis entré dans l’âge  de raison, ce jour sera mon dernier. Le fil de ma vie n’est que le suite de celui de la vie de mon père; si on le coupe, les deux vies s’éteignent.
(from a letter by Louis Berlioz to his aunt Adèle Suat)
Berlioz
… et à toute heure je dis à la mort: ‘Quand tu voudras! Qu’attend-elle donc?

(from Mémoires by Berlioz)